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  • Sylvain

Le métier d'hôtesse de l'air est-il un métier précaire ?

Dernière mise à jour : 18 juin

Dans l'esprit des futures hôtesses de l'air mais également des futurs stewards, une carrière de personnel navigant commercial (PNC) rime avec voyages, glamour et des salaires corrects. Pourtant, loin de l'image d'Épinal, la réalité est tout autre et nombreux sont ceux qui déchantent une fois dans les airs... Ainsi peut on se demander si, au final, le métier d'hôtesse de l'air n'est pas un métier précaire ?



Les souvenirs d'une aviation glorieuse

avion qui décolle


Panam, Air Lib, Britannia, etc... Des noms de compagnies aériennes qui font et feront rêver de nombreux amoureux d'aviation. En effet, rien qu'à leurs évocations, on imagine immédiatement les tours du monde, des prestations en vol dignes d'un palace et des conditions salariales qui feraient rêver n'importe qui.

Pourtant, ces compagnies ultra-puissantes ont toutes disparu au fil des années : rachat, faillite, etc... Aucunes n'a su prendre les décisions nécessaires pour assurer le futur en ne voyant pas les transformations des voyageurs qui en veulent toujours plus en payant toujours moins.

C'est ainsi qu'à partir des années 1970, aux États-Unis fut créée la toute première low-cost au

monde : Southwest, compagnie qui existe encore de nos jours et qui a boulversé un marché encore limité à une population aisée en offrant des vols pas chers pour tous.

Certains diront que c'est une avancée démocratique, d'autres que le voyage en avion n'aurait jamais dû s'ouvrir à tous mais toujours est-il que l'on peut estimer qu'à partir de cette époque, petit à petit, le métier d'hôtesse de l'air qui faisait temps rêver débuta une lente et longue mutation...



Des cadences de plus en plus compliquées et des salaires à la baisse


Initialement avec l'émergence des compagnies aériennes low-cost, les cadences demandées aux

avion rayanair

membres des équipages sont devenues de plus en plus soutenues. Des journées qui commencent tôt et se terminent tard, des vols qui s'enchainent pour garder le moins longtemps l'avion au sol et parfois des PNC qui terminent la journée sans avoir eu le temps de manger ou d'aller aux toilettes.

Voilà aujourd'hui la réalité du métier et, contrairement à ce que vous pourriez penser, cela est tout autant valable pour les compagnies à bas coût que les compagnies traditionnelles. En effet, la concurrence est toujours de plus en plus rude et les marges de moins en moins importante. Résultat : pour être rentable, il faut aller au maximum de ce que la législation permet concernant les heures de vol. Il n'y a finalement pas si longtemps que cela, une hôtesse ou un steward effectuait annuellement une moyenne de 500h-600h de vols, des heures qui ne comptent pas les astreintes,

les entraînements obligatoires ou le temps passé au sol entre chaque vol ( et qui ne sont pas payées ! ). Aujourd'hui, pour rester rentable, une même hôtesse doit effectuer environ 800 heures voir jusqu'à 1000 heures pour les compagnies aériennes les moins "soucieuses de leurs employés". Ce nombre d'heures parait abstrait, ce qui est normal, mais il s'agit d'un chiffre très élevé qui entraine de véritables répercussions : arrêts maladies, burn out, perte de motivation....


En parallèle d'une cadence qui s'est accélérée, les salaires ont, de leurs côtés, fondus comme neige au soleil...

Et oui, il est loin le temps où les salaires d'hôtesses de l'air et de stewards pouvaient faire rêver n'importe quel quidam. Aujourd'hui, la réalité est que les salaires sont tirés au maximum vers le bas, pour ne pas dire vers le sous-sol.

En fonction de la compagnie et du pays dans lequel un PNC est basé ( son aéroport d'attache ), le revenu de celui-ci peut varier entre 700-800 euros jusqu'à 2 500 euros. Au global, la moyenne s'établie plutôt aux alentours des 1500 euros en Europe avec des extrêmes qui démarrent à 600 euros et grimpent jusqu'à 4000 euros. Autant vous dire qu'il s'agit, pour les plus gros salaires, d'une exception dans le secteur de l'aviation civil.



Des CDI inexistants


L'aviation et le tourisme en général ont en commun le fait d'alterner des saisons hautes avec des

avion

saisons basses. Conséquence : durant la haute saison, les compagnies recrutement à tour de bras et offrent des CDD saisonniers de quelques semaines ou quelques mois avant de licencier tout le monde au début de la basse saison.

De son côté, le personnel navigant se retrouve dans une situation où il devient compliqué de se projeter dans l'avenir, effectuer des emprunts car les CDD s'alternent avec des périodes de chômage (carence) et ce sans fin car il s'agit de contrats saisonniers, donc "multipliables à l'infini".

Il n'est ainsi pas rare de voir de nombreuses hôtesses mais aussi stewards abandonner et se tourner vers des emplois plus stables et plus rémunérateurs. Quant aux plus téméraires, ils acceptent une vie professionnelle décousue au bon vouloir des compagnies aériennes jusqu'à ce

qu'ils accèdent au Saint Graal : le CDI.


Les PNC peuvent ainsi rester des années à attendre cette récompense. Souvent, au fur et à mesure des saisons, les saisonniers "gagnent" en l'ancienneté et seulement une fois arrivés en haut de liste, peuvent espérer un CDI. Cela peut ainsi durer 3,4 ans ou bien plus ! Et encore, tout ne reste qu'un accord tacite, rien d'officiel, la compagnie pouvant du jour au lendemain décider de ne plus faire appel à tel ou tel PNC . Du coup, retour à la case départ pour le candidat. Aujourd'hui, il n'y a quasiment que les compagnies du Golfe et les low-costs qui proposent des CDI après une période d'essai.


Un espoir : la crise de la Covid-19



Et oui, contre tout attente, c'est bien la crise de la Covid-19 qui pourrait redonner ses lettres de

covid

noblesse au métier d'hôtesse de l'air. En effet, au début de la pandémie, les transporteurs ont licencié à tour de bras pour réussir à passer la crise. Cela a très bien fonctionné pour les plus gros mais pour les plus petits, le trou d'air fut trop important et nombreuses compagnies ont été en faillites.

Alors que les économistes tablaient sur une reprise du traffic au plus tôt pour 2024, voir 2025, contre toute attente, l'été 2022 a marqué le retour quasi normal de la demande qui existait en 2019. Malheureusement pour les compagnies, aucunes d'entre elles n'avaient anticipé et se sont retrouvées à devoir annuler de nombreux vols faute de personnel pour les faire décoller. Et ça, les employés et les syndicats l'ont bien compris...


Ainsi, peut être l'avez vous vu ou lu dans les journaux, la quasi totalité des compagnies aériennes ( traditionnelles ou à bas coût ) ont connu des mouvement de grèves avec des employés qui réclament de meilleures conditions salariales : moins d'heures, meilleur salaire, etc... La majorité des compagnies ont accepté de signer des accords pour éviter encore plus d'annulations de vols en pleine saison estivale.

C'est ainsi que partout en Europe et dans le monde, les rémunérations sont revues à la hausse avec à la clé un apaisement sociale et, pour plus tard, de meilleures conditions pour les futurs navigants. La questions que l'on peut alors se poser aujourd'hui est de savoir si cet élan continuera une fois la forte reprise terminée ? L'avenir nous donnera la réponse, et certainement très rapidement.




En conclusion


Pour résumer, il est difficile de dire que le métier d'hôtesse de l'air est un métier précaire. Néanmoins, le temps de l'aviation star est loin derrière nous et ne risque pas de faire un come-back comme les célébrités oubliées.

De plus, même si la plupart des compagnies traitent correctement les hôtesses et stewards, certaines profitent au maximum du système et du rêve que ce métier produit dans l'esprit des candidats pour offrir des conditions minables. Ainsi, pour ne pas que la rêve se transforme en cauchemar, avant de postuler, cherchez sur internet ce que les employés disent de leurs compagnies !


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