Je vous raconte mon SADE
Dernière mise à jour : 18 juin
Retour en arrière, octobre 2009 plus précisément. Quelques semaines avant, la compagnie aérienne chez qui j'avais postulé et passé les candidatures m'annonce que je suis retenu et que j'intégrerai la formation d'ici peu. Plusieurs longues et heureuses années plus tard, je vous raconte en mode journal intime mes souvenirs de mon SADE, acronyme de Stage d'Adaptation De L'entreprise.
SADE ou initial training course : quasiment le même combat
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je souhaite faire un point sur les termes utilisés généralement chez les hôtesses de l'air et stewards pour désigner cette formation initiale.
Il faut savoir que l'acronyme de SADE est principalement ( pour ne pas dire exclusivement ) utilisé au sein des compagnies aériennes franco-françaises ( Air France, Corsair, French Bee, etc... ). Pour les autres compagnies ( Vueling, Swiss, EasyJet, etc...) , le nom utilisé sera plutôt en anglais comme cela a été le cas pour moi. Personnellement, ma formation se nommait " Initial Training Course". Mais peu importe le nom utilisé, l'objectif reste le même : vous former aux procédures de la compagnie aérienne, aussi bien en ce qui concerne la sécurité que le commercial.
Les seules différences viendront de la manière dont les stages sont menés. Alors que les compagnies aériennes françaises ne recrutent que des candidats ayant des le CCA, les
compagnies étrangères recrutent même sans CCA. Ainsi, lors des stages, en France, ceux-ci seront plus courts et axés commercial alors que chez les concurrents, il faudra en plus valider le CCA.
Un stress qui est monté crescendo avant le jour J
Comme je vous le disais en introduction, je vous raconte mon stage d'intégration en mode journal intime. Je vous partage ainsi mon ressenti de l'époque et comment j'ai vécu ce mois qui ( attention, spoiler alerte ) aura été l'un des plus challengeant que j'ai vécu jusqu'à présent ! Forcément, pour tout à chacun le vécu sera différent, tout comme la manière dont la compagnie que vous intégrerez mène ses formations.
Mon histoire de futur PNC commence précisément le 30 juin 2009 à la réception du mail tant attendu. Rien que là, j'étais déjà sur mon nuage. Et oui, 4 mois entre le golden mail et le début du stage. Cela peut paraitre long mais au final, c'est passé très vite car le premier objectif était de valider l'enquête de police pour obtenir le fameux badge aéroportuaire ( une vraie galère ) puis répondre à toutes les demandes de la compagnie pour enfin avoir le feu vert pour intégrer la

formation.
Il faudra que j'attende fin août 2009 pour que tout soit validé. C'est seulement à ce moment là que j'ai commencé à réaliser ce qui était en train de se passer : mon rêve allait devenir réalité. Au début, pas trop de stress, mais plus la date approchait, plus le stress montait ( je ne dormais quasiment plus ! ) jusqu'au jour J avec le rendez-vous à l'aéroport pour prendre mon vol direction le Royaume-Uni.
Une heure trente plus tard, me voilà propulsé dans l'un des plus gros aéroports londoniens avec une feuille A4 et les instructions pour trouver le taxi qui devait me conduire au centre de formation. Premier challenge que j'ai finalement réussi à affronter mais avec une grosse remise en
question : le niveau d'anglais. Je vous le répète assez depuis le début de commentdevenirpnc.com , avoir un excellent niveau est indispensable. Pour ma part, j'ai toujours été très bon avec un résultat au TOEIC dépassant les 900 points. Et pourtant, une fois confronté à la réalité, la triste réalité s'est imposée à moi : j'allais devoir redoubler d'effort pour tenir le cap et arriver au bout de mon projet.
Bref, une fois le taxi trouvé, je le partage au final avec un autre candidat tout aussi stressé que moi avec qui j'allais passer la formation. Quasiment 2h de trajet à parler et échanger, on arrive à destination, heureux et prêts à vivre l'aventure
Repasser l'examen du CCA... pour la deuxième fois
Premier jour de formation ( qui dura 4 semaines au total ), les formateurs nous voient tous silencieux mais ils ont clairement l'habitude. À la fin de la première matinée, l'ambiance est installée, la glace est brisée et tout le monde comprend que seul le groupe doit gagner, en ne laissant personne sur le bas côté.

Durant cette première journée de formation, il nous est expliqué que nous devrons passer l'équivalent du CCA même si nous l'avion déjà. Sur ce point, depuis le temps, cela a évidemment évolué et la formation est plus courte pour ceux qui l'ont. On nous explique aussi qu'il faudra valider plus de 90% de bonnes réponses aux quiz que nous passeront, sous peine d'exclusion. À cela s'ajoute le fait que nous disposons chacun de 3 points et qu'ils sont très importants : si le compteur tombe à 0, alors ciao ! Pour les perdre, il existe de nombreuses manières : tenue non conforme, comportement inadapté ( en cours ou à l'hôtel où nous logions ), langage grossier, etc... Le mot est passé : la formation se veut
bonne enfant mais il faut pas pousser mémé dans les orties...! Pour ma part, j'avais perdu 1 point pour être 5 minutes en retard. 😅 Avec le recul et l'expérience, je comprends pourquoi : le retard coûte très cher dans l'aérien et créer du retard ( donc une perte d'argent ) par la faute d'un PNC n'est pas tolérable.
4 semaines intenses mais inoubliables
Quatre longues semaines pour voir la fin de l'initial training, une éternité à 24 ans. Rendez-vous tous les jours à 8h ou 9h en classe jusqu'à 17-18h et ce, 6 jours sur 7. Rajoutez à cela des révisions jusqu'à très tard le soir, souvent jusqu'à minuit et une moyenne de 2 examens éliminatoires par semaine et vous obtenez le tableau de mon SADE. Pour les tests, en vrac :

médical, évacuation, épreuve piscine, matières dangereuses, survie, commercial, etc... Rien d'insurmontable si le travail et le sérieux sont présents.
Pourtant, même si cela peut vous parait dur, sincèrement, quasiment 14 ans plus tard, j'ai l'impression que c'était hier et j'en garde un souvenir inoubliable. En effet, malgré l'intensité et le niveau exigé, j'ai découvert à ce moment là ce que signifiait l'esprit d'équipe. Une vraie cohésion s'était créée et de jolies rencontres par la même occasion. Encore aujourd'hui, je suis en contact avec une partie des élèves ( qui sont devenus des amis), même si nous travaillons dans des bases différentes. Plus qu'une formation, j'ai vécu une expérience humaine et une belle aventure.
Petit retour sur ma crainte de mon niveau d'anglais. Au final, en un peu mois d'une semaine, mon oreille s'était faite à l'accent et à la vitesse des conversations. Aujourd'hui, le seul accent avec
lequel j'ai du mal est l'écossais ! 🤷♂️ C'est un peu l'équivalent ch'ti pour les anglais ! 🤣 Plus sérieusement, lorsque je dois voler vers Édimbourg, c'est la galère, surtout si le passager ne fait pas d'effort. Mais contrairement à 2009, je garde le sourire, j'essaie de parler anglais avec un gros accent français et je dis au passager ( sur un ton jovial ) qu'en tant que français mangeur de grenouilles, j'ai dû mal à suivre la conversation. Et 99% du temps, ça termine à la rigolade et le passager fait un effort pour diminuer son accent.
Des moments de repos rares mais intenses

Vous imaginez bien qu'avec le peu de repos durant le SADE, il fallait en profiter au maximum ! Au programme, visites des quartiers de Londres et des pubs. Tant pis si le trajet était long mais pour il était inconcevable de ne pas en profiter à fond.
Et puis, qui dit formation en octobre dit soirée d'Halloween ! Une soirée IN-OU-BLI-ABLE ! Ce soir là, j'ai découvert que les anglais savaient faire la fête mais aussi qu'ils tenaient bien mieux l'alcool que les français ! Je n'étais pas très frais le lendemain mais ça en valait clairement le coût !
En dehors des jours de repos, il n'était pas rare qu'avec les autres candidats nous nous retrouvions au bar de l'hôtel pour partager un verre, ou deux, ou trois... Bref, il fallait bien se détendre. Mais ce que nous ne savions pas à ce moment là, tout du moins au début, c'est que le barman effectuait
des rapports aux formateurs ! On l'a su bien plus tard à la fin de la formation. La raison invoquée était de savoir si nous étions sérieux alors que nous représentions la compagnie ( car l'établissement était occupée quasiment que par des équipages).
Enfin la fin : essayage des uniformes et remise des ailes
Enfin ! La formation touchait à son bout et tout était validé. Il était enfin l'heure d'essayer les uniformes. Les formateurs nous avaient bien gardé la surprise en nous convoquant sur le parking
du centre de formation. On a vu un camion débarquer avec à l'intérieur tout ce qu'il fallait pour remplir le dressing d'un steward d'une hôtesse de l'air : chaussures, cravate, veste, blouson... J'étais tellement fier ! Moi, le petit gros du collège qui accomplissait son rêve de sillonner le ciel à bord des avions. Une belle revanche que j'ai apprécié à sa juste valeur après tous les sacrifices et les efforts pour atteindre cet objectif. Aujourd'hui, je vous le redis, même si cela est gnangnan, si devenir hôtesse de l'air ou steward est votre rêve, alors foncez et n'écoutez pas les donneurs de leçons !
Pour en revenir à l'essayage de l'uniforme, il manquait un élément, le plus petit mais pour le plus important : les ailes. Pour les recevoir, il a fallu attendre l'avant dernier jour de la formation avec la cérémonie de remise des ailes. Je me vois encore me tenir fièrement debout alors que la formatrice s'approchait de moi pour m'accrocher les ailes à mon uniforme et qui m'a alors dit " Welcome on board Sylvain, you're one of us now ". Et ben même en 2022, je suis encore ému rien que d'y penser !
18h, retour à l'hôtel. 19h, tout le monde quitte l'hôtel, direction le restaurant avec l'ensemble des élèves de la formation et les formateurs pour célébrer la fin du SADE. Retour au lit au milieu de la nuit, l'esprit enivré mais heureux du parcours accompli. Le lendemain, retour en France, nouvelle étape : valider les examens en vol pour être définitivement libre de voler seul, mais ça, c'est une autre histoire... !
Des commentaires ? Des questions ? Faites le juste en dessous ! ⬇️ Et si vous avez appréciez l'article, n'hésitez pas à mettre un like ❤️ et partager !